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Trois questions à Frédéric Brossier
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4 mai 2018 Trois question à Frédéric Brossier, ancien directeur des enseignements à l’INJS Paris (2005-2015), actuellement directeur du projet "Partenariats et innovations". Par Mathilde BLÉZAT | Illustration par Sandrine ALLIER-GUEPIN 

Quelles sont les formations professionnelles proposées par l’INJS Paris?

Nous sommes un des rares établissements pour Sourds à proposer des formations professionnelles en interne aujourd’hui, parce qu’après la loi de 2005, beaucoup d’établissements ont joué la carte de l’externalisation. En effet, l’esprit de la loi visait la scolarisation en milieu ordinaire de tous les enfants Sourds et la conversion des établissements spécialisés en services d’accompagnement dans les écoles, collèges et lycées de l’Education Nationale.

À l’INJS, la plupart de nos formations professionnelles sont des CAP : coiffure, menuiserie, métallerie, couture... Ceux qui obtiennent leur CAP peuvent poursuivre en Bac pro dans un établissement partenaire, en milieu ordinaire. Mais pour que ces jeunes (qui ont vécu une mauvaise expérience en école ordinaire) ne décrochent pas complètement et n’échouent pas, nous devons apporter des moyens à la hauteur de leurs besoins. Aussi, pour certains élèves, on met en place 20 à 23 heures d’accompagnement en classe par semaine ! On a aussi trois formations de niveau Bac pro : production graphique et imprimée et prothèse dentaire.

Pourquoi avoir continué à proposer des formations professionnelles après 2005 ?

Beaucoup de Sourds pensent qu’il faut laisser tomber l’éducation spécialisée car ce serait s’accrocher à quelque chose du siècle dernier. Mais que faire de ceux qui ne peuvent pas ou qui ne veulent pas être scolarisés en milieu ordinaire ? On a de nombreuses demandes de jeunes qui ont vécu une série d’échecs scolaires en milieu ordinaire ou se sont sentis beaucoup trop isolés de leur pairs. Certains ont 14 ans et ils ne savent pas lire, écrire ou compter. Ils ont été très mal accompagnés puis abandonnés à leur sort. À l’INJS, nous devons reprendre l’ensemble des apprentissages fondamentaux. Il y a aussi des jeunes qui ont simplement envie de se retrouver avec d’autres Sourds dans leurs études.

Avant de décréter « c’est le milieu ordinaire ou rien », il faudrait tenir suffisamment compte de l’expertise que peut apporter le secteur spécialisé, car dans bien des cas, l’inclusion se présente comme la chronique d’un échec annoncé. Il faudrait évaluer les différents dispositifs d’inclusion en milieu ordinaire : les Sourds en décrochage scolaire ne sont plus identifiés après l’âge de 16 ansIls sortent du système : ils ne sont pas accompagnés par Pôle Emploi, ni même par leur MDPH, pour se réinscrire dans un parcours. Par ailleurs, lorsque les chiffres annuels sur l’inclusion sortent, ils ne rendent pas compte du fait que dans certains dispositifs qui relèvent de l’Éducation nationale, comme les ULIS ou les PAEJS, une équipe du médico-social est implantée : on y trouve des professeurs qui ont le CAPEJS, des orthophonistes, des interfaces de communication et des éducateurs spécialisés. C’est un simple déplacement du secteur spécialisé vers le milieu ordinaire…

Quelles sont vos perspectives en terme de dispositifs de formations ?

Aujourd’hui, notre objectif est de développer l’alternance en entreprise. Cela nous semble une meilleure solution pour favoriser leur insertion : les jeunes sont formés dans nos murs, dans un milieu protégé, mais, dès le début, l’alternance leur permet de découvrir le monde de l’entreprise. Ça leur permet d’enchaîner, après leur formation, sur un contrat de travail et de s’insérer dans la vie professionnelle. On a constaté qu’une partie de ceux qui ont fait leur bac pro en formation initiale n’ont pas su où aller chercher du travail après leur diplôme, et sont retournés chez leurs parents. Ils échappent trop souvent à notre service dédié (Service de Suite) auquel ils peuvent s’adresser.

L’alternance, c’est très compliqué à mettre en place, cela fait intervenir d’autres acteurs comme la Région. Pour l’instant, on le fait avec nos cursus Horticulture et Paysagisme. Ça marche bien : tous nos apprentis sont ensuite embauchés, par la mairie de Paris notamment qui a pu les voir en exercice et apprécier leurs compétences pendant leur contrat d’apprentissage.

  Une vidéo de la rubrique « Éducation »
Un article de :

Mathilde Blézat

Commentaires
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par johann bonnet
06/05/2018 13h25
oui juste je suis reussi mon chemin grace formation l’alternance...c est exacte son idée
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par Laurence ROBIN
05/05/2018 15h17
Félicitations pour votre projet "Partenariats et Formations": la formation , en interne, apporte du positif, de la confiance en soi aux jeunes en décrochage scolaire; l'alternance , ensuite est un excellent moyen de lancer leur parcours professionnel; quant au "Service de suite" que vous proposez pour mener à bien le projet individuel de chacun, du "jamais vu"! C'est une grande chance pour ces élèves sourds qui peuvent ,grâce à l'INJS, trouver leur place dans la société .
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par MARIE LAURE AVEIRO-ALVES
04/05/2018 23h00
bonjour, c'est dommage qu'on ne peut pas voir votre intervention de M Brossier Frédéric, où vous lui avez posez 3 questions, vous remplacez à la place de M Brossier merci
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par Noémie Churlet
06/05/2018 13h44
Bonjour Marie Laure, l'interview a été réalisé par mail. C'est pour cela qu'il n'y a pas la vidéo.
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par STEPHANE MIQUEL BOULIE
14/05/2018 20h49
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