“C’est vous qui décidez” : trois sujets ont été proposés aux abonnés, voici l’article sur le thème choisi : "L’accélération de la déforestation de l'Amazonie sous le pouvoir de Jair Bolsonaro"
Par Mathilde Blézat - Traduction par Vice & Versa
Mesurant près de 6 millions de kilomètres carrés, étendue sur neuf pays (Brésil, Bolivie, Pérou, Guyane française, Colombie, Équateur, Vénézuela, Suriname et Guyana) la forêt amazonienne est le plus important réservoir de biodiversité au monde. En effet, en 2013, elle comptait près de 390 milliards d’arbres (soit 13 % des arbres de la planète), de 16 000 variétés différentes. Des milliers d’espèces animales y vivent, ainsi que des peuples autochtones.
Un réservoir de biodiversité menacé depuis 50 ans
Cette forêt essentielle à l’équilibre de la planète et à la vie de ses habitants, a subi d’importantes destructions ces dernières décennies. Les trois facteurs qui la menacent sont le réchauffement climatique, l’orpaillage (recherche d’or dans ses rivières) et la déforestation. Depuis 1970, entre 18 et 20 % de la forêt a disparu, avec une accélération notable à partir des années 1990.
En 2004, le Brésil, conscient des dangers qui pèsent sur cette forêt qui occupe une grande partie du nord-ouest de son territoire, avait lancé une politique de préservation de celle-ci. Sous le mandat du président de gauche, Lula da Silva, entre 2004 et 2012, la déforestation a été réduite de 80 %. Mais depuis l’accession au pouvoir du président ultra-conservateur Jair Bolsonaro fin 2018, la déforestation de l’Amazonie s’accélère. Elle a explosé à partir de 2019 : d’août 2020 à juillet 2021,13000 kilomètres carrés de forêt ont été détruits, selon l’institut brésilien de recherche spatiale (INPE), soit une augmentation de 22 % en un an. Un record inégalé depuis 15 ans. Selon le journal Le Monde, cela correspond à la superficie du Liban, ou de 120 fois la ville de Paris. Par ailleurs, l’Amazonie n’est plus un poumon vert : elle rejette une plus grande quantité de dioxyde de carbone (CO2) que ses arbres sont en capacité d’absorber, du fait de la déforestation, des sécheresses successives, de l’exploitation intensive…
Ces chiffres ne font que confirmer les promesses électorales de Bolsonaro. Dès son arrivée au pouvoir, il a détruit une partie des mesures de protection de l’environnement votées sous ses prédécesseurs, dans l’optique de développer sans cesse l’agro-industrie (industrie qui comprend la production alimentaire mais aussi les pesticides, les engrais, les matériaux comme le papier ou le cuir, etc.). La déforestation se fait notamment par les incendies liés aux défrichements : pour transformer des pans de forêt tropicale en zones agricoles cultivables et en pâturages pour le bétail, les exploitants brûlent les terres. Ces dernières années, les images de feux massifs dévorant la forêt amazonienne se sont multipliées.
Crimes contre l’humanité
Face aux critiques, le gouvernement a modifié son discours et promet actuellement des mesures pour criminaliser les incendies volontaires. Lors de la COP26, en Écosse, le Brésil s’est ainsi engagé à mettre un terme aux pratiques de déforestation illégales à partir de 2028. Des annonces dont les organisations environnementales se méfient, à l’instar de l’antenne brésilienne de Greenpeace, qui accusent le gouvernement de cacher les véritables chiffres de la déforestation. En octobre dernier, une ONG autrichienne, AllRise, a décidé de porter plainte contre Jair Bolsonaro auprès de la Cour pénale internationale (CPI) pour « crimes contre l’humanité ». C’est la quatrième organisation à mener cette action contre lui, depuis que la CPI a modifié les critères de définition de ce crime en 2016. A cette époque, Fatou Bensouda, sa Procureure générale, avait déclaré, selon le journal Ouest France, que désormais “les destructions de l’environnement et les accaparements de terres seront traités comme des crimes contre l’humanité.”
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