Accueil / Pi Sourd / Nos vies de Sourds / Trois questions à Raphaël Bouton, président de Média'Pi!
Nos vies de Sourds
Trois questions à Raphaël Bouton, président de Média'Pi!
Offrir l'article
Lire + tard
Imprimer
Favori
Commenter
Cet article vous est offert dans le cadre des portes ouvertes :
"6 ans de Médiapi" du mardi 16 avril 2024 au mercredi 17 avril 2024 !

Aujourd'hui MPI souffle ses 6 bougies et pour cela nous vous proposons de découvrir le site gratuitement jusqu'au mercredi 17 12h00

13 janvier 2018
Raphaël Bouton, président de Média’Pi ! nous parle des contrats aidés et des conséquences pour les Sourds. Par Mathilde BLÉZAT  

MB : Quel impact a eu la réduction soudaine des contrats aidés sur l’association Média’Pi ! ?

R.B : Nous devions embaucher trois personnes Sourdes en contrat aidé, sur des postes de journalistes et de personnel administratif. L’idée c’était de les former au journalisme, en lien avec l’association Jaris, pour ensuite les professionnaliser. Et là, soudainement, j’ai appris que ces contrats étaient supprimés. Concrètement, cela signifie que nous devons revoir tout notre business plan élaboré depuis août 2016 ! Trouver un plan B, revoir nos dépenses à la baisse, repenser l’organisation pour optimiser la production et pour pouvoir lancer tout de même le site d’informations. Heureusement, la communauté Sourde est solidaire, mais la suppression de ces trois contrats a été un coup très dur pour Média’Pi !

 

MB : Êtes-vous en contact avec d’autres associations Sourdes touchées par ce problème ? Pouvez-vous nous donner quelques exemples ?

R.B : J’ai échangé avec une dizaine d’associations Sourdes concernées par ce problème. Pour l’une d’entre elles, le renouvellement de deux postes est supprimé. Pour les autres, ce sont des créations d’emploi qui sont annulées. Ce sont autant d’activités sociales qui ne pourront pas être développées. À Paris par exemple, l’association Femmes Sourdes Citoyennes et Solidaires devait embaucher une personne en contrat aidé pour faire de l’accompagnement individuel auprès des femmes Sourdes victimes de violences. À Bordeaux, le collectif des associations Sourdes projetait la création d’une maison commune à toutes les associations Sourdes de la ville, pour mutualiser leurs forces. Ce projet a dû être complètement arrêté aujourd’hui. Les associations de formation à la LSF sont aussi touchées, sur leurs postes administratifs notamment.

 

MB : Quelles sont les conséquences de cette décision gouvernementale sur l’emploi des personnes Sourdes ?

RB : Les emplois dans les associations Sourdes ne sont généralement pas liés à des activités marchandes. Les cotisations des adhérents ne suffisent donc pas à soutenir un ou plusieurs emplois. Il est très compliqué de trouver les moyens économiques pour financer des CDI. Or, sachant que 39 % des personnes Sourdes sont au chômage, cette suppression des contrats aidés a un impact considérable sur la communauté Sourde. Un grand nombre de Sourds ont commencé leur vie professionnelle par des contrats aidés dans le secteur associatif. Cela leur a permis de se former, et ensuite de développer une activité professionnelle, sous le statut d’auto-entrepreneur notamment. Les associations sont un moyen d’émancipation, surtout pour les Sourds, largement ignorées par les pouvoirs publics. J’en parlais avec le président d’une grande association nationale : le monde associatif est un outil idéal pour intégrer des personnes en situation de handicap dans le monde du travail.

Ce qui me met très en colère avec cette suppression brutale, c’est que le gouvernement n’a rien proposé à la place. C’est complètement hypocrite : d’un côté, on nous dit que les contrats aidés d’AVS ne seront pas touchés en faveur des personnes handicapées alors que le programme du gouvernement promettait d’oeuvrer pour les titulariser dans l’Éducation nationale. De l’autre côté, la semaine de l’emploi des personnes en situation de handicap approche et aucun programme pour développer l’emploi pour eux ni pour remplacer les contrats aidés n’a été annoncé.

Nota : Le gouvernement vient de confier cette semaine une mission à Dominique Gillot, présidente du CNCPH pour réfléchir à des moyens de développer l’emploi pour les personnes handicapées. Ce rapport doit être remis dans les trois mois.

Une vidéo de la rubrique « Nos vies de Sourds »
Un article de :

Mathilde Blézat

Commentaires
Ajouter un commentaire
par Yann LE ROUX
18/04/2018 06h00
Quand de nouveaux aides arrivent en place, c’est bien mais il y a toujours le problème de pérennisation du poste. Je suis passé par là en étant emploi-jeune puis à la fin ce fut difficile de combler le manque à gagner. J ai quitté le poste pour éviter le pire. Espérons que ce soit plus rose à l’avenir pour les personnes handicapés.
Répondre