L’Assemblée nationale a adopté cette nuit par 351 voix contre 153 le projet de loi constitutionnelle élargissant le corps électoral en Nouvelle-Calédonie. Un projet déjà adopté par le Sénat le 2 avril dernier.

Depuis les accords de Nouméa de 1998, le corps électoral est gelé en Nouvelle-Calédonie pour les élections provinciales. Seuls peuvent voter les personnes résidant déjà en Nouvelle-Calédonie avant 1998 et y étant domiciliés depuis au moins 10 ans à la date du scrutin, ainsi que leurs descendants sous certaines conditions.

Une mesure prise pour atténuer les effets du peuplement récent et permettre aux Kanaks, peuple autochtone, de continuer à peser dans les décisions prises sur leur propre territoire.

La réforme permettrait aux habitants pour l'instant exclus des élections locales d'y participer, sous réserve de vivre depuis plus de dix ans sur l'île à la date du scrutin.

Les indépendantistes sont farouchement opposés au texte, estimant que ce dégel risque de « minoriser encore plus le peuple autochtone kanak ». Les non-indépendantistes y sont favorables, estimant que le gel du corps électoral constitue un déni de démocratie, des milliers de personnes étant privées de leur droit de vote.

Ce texte a provoqué la colère de nombreux habitants de Nouvelle-Calédonie : des émeutes ont éclaté cette nuit, pour la deuxième nuit consécutive. Deux personnes ont été tuées, au moins 130 personnes ont été interpellées et un couvre-feu a été instauré. Les indépendantistes ont condamné ces violences et appelé à l'apaisement, tout en condamnant le vote à l'Assemblée nationale.

Emmanuel Macron a indiqué que si indépendantistes et loyalistes s’accordent avant fin juin sur un nouveau statut du territoire définissant une citoyenneté calédonienne, le texte serait suspendu au profit du consensus local. Si aucun accord n’est trouvé, 

le Congrès se réunira avant la fin juin pour adopter définitivement cette révision constitutionnelle.