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Inquiétudes sur le sort des réfugiés sourds ukrainiens
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Présenté par Estelle Arnoux

Lundi, une lettre lançant l’alerte au sujet de la situation précaire des réfugiés sourds ukrainiens a été diffusée sur les réseaux sociaux. Cette lettre a été écrite pas le collectif Sourds ukrainiens à Montpellier, qui comprend douze professionnels sourds et entendants signants qui s’investissent bénévolement, comme des enseignants de français et de mathématiques, des interprètes et des travailleurs sociaux. Ce collectif a pour objectif de dispenser des cours et de donner des informations aux réfugiés pour leur permettre de s’insérer dans la société française.

L’équipe Média’Pi! a contacté le collectif afin d’en savoir plus sur cette situation. L’un des bénévoles sourds, Vincent Badiou, qui fait partie du collectif depuis février 2022, exprime sa colère et son découragement. En effet, depuis juillet 2022 à Montpellier, se trouvent 300 réfugiés sourds ukrainiens, dont 50 enfants qui ne sont pas scolarisés, à l’exception de huit d’entre eux. À ce jour, 200 réfugiés ont été relogés soit dans des familles d’accueil, en appartement ou dans des salles de sport. Parmi eux, 80 ont été logés dans des mobil-homes sur une base militaire près de Montpellier. Cet arrangement prendra fin prochainement et ils devront être déplacés ailleurs en France. La capacité d’accueil des grandes villes étant déjà à saturation, ils devront s’orienter vers les petits villages ou en campagne. Le collectif n’a aucune idée du lieu où ils seront envoyés. Or lundi, ils ont appris avec stupéfaction qu’un certain nombre de réfugiés devront se rendre en Lozère (48).

Cette décision est choquante pour le collectif car Mende, le village qui accueillera les réfugiés, ne dispose d’aucune structure d’interprétariat, ni d’école bilingue et la communauté sourde y est inexistante. Cette solution leur semble totalement inadaptée. Depuis février 2022, le collectif accompagne les réfugiés sourds ukrainiens, les autorités auraient pu les mettre au courant ou solliciter leurs avis et conseils à ce sujet, ce qu’ils n’ont pas fait. L’équipe est démoralisée et se retrouve face à de nombreux obstacles, n’ayant aucun pouvoir d’action.

C’est pourquoi les membres du collectif ont décidé d’écrire une lettre pour alerter les autorités et les médias, ainsi que le public, sur la situation urgente des réfugiés sourds ukrainiens. Le collectif veut être reconnu en tant que référent pour donner des conseils ciblés sur les réfugiés sourds et leur indiquer les possibilités de relocalisation dans des villes moyennes qui possèdent une communauté sourde, avec des associations ou écoles sourdes, comme Albi, Rodez ou Poitiers etc.

Une autre inquiétude concerne la situation des réfugiés sourds ukrainiens à Toulouse, nous avons reçu le témoignage d’un enseignant, qui souhaite garder l’anonymat, portant sur 25 enfants sourds ukrainiens. Ces derniers, de différents niveaux allant de la maternelle au lycée, ne sont actuellement pas scolarisés. Ce professeur a appris que le rectorat a créé une classe de primaire dans un autre établissement que celui qui accueille les classes bilingues, où dix enfants ukrainiens sont scolarisés avec un enseignant entendant signant. Nous n’avons pas pu avoir davantage de détails. L’enseignant indique qu’il a envoyé des courriers à l’inspection académique, au rectorat et aux services de l’Éducation nationale, aucune réponse ne lui a été faite depuis.

Avec ces situations à Montpellier et à Toulouse, et peut-être aussi ailleurs en France, que vont devenir ces réfugiés sourds ukrainiens qui se retrouvent confrontés à de nombreuses barrières ? Demain se déroulera la Journée internationale des langues des signes qui a lieu chaque année, le drapeau Sourd sera levé devant la mairie de Montpellier. À cette occasion, le collectif Sourds ukrainiens à Montpellier a lancé un appel à tous les réfugiés sourds ukrainiens à se rassembler pour montrer qu’ils existent.

Une vidéo de la rubrique « Ukraine »
Un article de :

Estelle Arnoux

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