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Monde
20 novembre 2025
Meurtre de Mehdi Kessaci et lutte contre le trafic de drogue
La mort de Mehdi Kessaci, 20 ans, tué par balles jeudi 13 novembre en pleine journée dans le 4ᵉ arrondissement de Marseille, remet au premier plan la lutte contre le narcotrafic. Ce jeune homme, inconnu des services de police et qui voulait devenir policier, était le frère d’Amine Kessaci, figure locale engagée contre les trafics de drogue. À force de dénoncer les trafiquants via son association Conscience, il était devenu une cible. Vivant sous protection policière, il avait quitté Marseille et portait un gilet pare-balles lors des obsèques de son frère le 18 novembre. La famille avait déjà perdu un autre frère, Brahim Chabane, tué en 2020 dans un règlement de comptes.Une enquête pour assassinat en bande organisée et association de malfaiteurs a été ouverte. Le procureur de Marseille, Nicolas Bessone, privilégie la piste d’un « crime d’avertissement ». Les enquêteurs s’intéressent notamment à Amine O., dit « Mamine », un caïd de la DZ Mafia, détenu depuis 2021 et mis en examen pour trois assassinats commis en 2020, dont celui de Brahim Chabane.L’association Conscience appelle à une marche blanche silencieuse samedi à 15 h. Amine Kessaci appelle à une « révolte durable » contre le narcotrafic, demandant « des milliers » de participants à la marche. « Arrêtons les discours, place à l’action », a-t-il déclaré.Mardi, Emmanuel Macron a appelé à « amplifier » la lutte contre le narcotrafic avec une stratégie comparable à celle contre le terrorisme. Lors du Conseil des ministres mercredi 19 novembre, il a rappelé que ce sont « les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants », défendant l’importance de la prévention et dénonçant l’hypocrisie des consommateurs. Les ministres de l’Intérieur et de la Justice, Laurent Nuñez et Gérald Darmanin, se rendront aujourd’hui, jeudi, à Marseille, notamment pour participer à une réunion sur la criminalité organisée et rencontrer la famille Kessaci. Ces annonces se heurtent aux critiques de l’Association nationale de la police judiciaire, qui dénonce depuis deux ans une « désorganisation » issue de la réforme de 2023, qui devait restructurer la police nationale française, et estime que l’État peine à anticiper un phénomène « structurel ». Le narcotrafic représente plus de trois milliards d’euros et 250 000 personnes dépendraient de cette économie, selon l’Office anti-stupéfiants (Ofast). En 2024, 367 assassinats ou tentatives d’assassinat liés majoritairement au narcotrafic ont été recensés.

